Art et rapport à la langue
À l’instar de nombreux conteurs, KPG est attentif à l’esthétique des symboles, des images et des expressions. Comme il l’explique en interview, il fonde son travail sur l’utilisation des sonorités et des métaphores moré. Puis, dans un second temps, il traduit son texte vers le français, se servant ainsi des différences polysémiques entre les langues pour enrichir son univers et ses histoires. Il cite par exemple l’emploi de certaines interjections en moré qui doivent donner lieu à des développements plus longs et descriptifs en français. S’inspirant des activités de ses parents et ancêtres qui étaient forgerons, il ancre sa pratique artistique dans le respect de cette filiation et dans sa réinterprétation moderne5.
« Mon père était forgeron, mes ancêtres étaient forgerons. Ils confectionnaient les outils pour donner aux agriculteurs pour cultiver et nourrir leurs vies. Mais moi, en tant que forgeron contemporain, je forge les histoires. »
— KPG
Bien qu’il soit un ardent défenseur de la francophonie, il en a notamment été l’un des ambassadeurs, KPG développe ses images et créations d’abord en moré, sa langue natale10. Il indique que cette manière de créer ses textes, d’abord en moré puis traduit en français, lui convient et qu’elle lui permet de se montrer le plus inventif et précis dans ses références. Il insiste surtout sur l’importance de la maîtrise d’une langue pour pouvoir transmettre correctement toute l’étendue de sa culture, tant sur les plans artistiques que spirituels et philosophiques.
Dans la majorité de ses spectacles de contes, KPG est accompagné de musiciens et chante ses textes11. Il estime ainsi que ce mélange artistique permet de donner un nouveau relief aux mots et aux textes.
Renommée
Kientega Pingdéwindé Gérard est l’un des conteurs burkinabè les plus célèbres1. Se produisant régulièrement à l’étranger, il est le récipiendaire de plusieurs prix et distinctions (comme la médaille d’argent dans la catégorie Conte lors des Jeux de la Francophonie à Beyrouth).
Transmission
Constatant l’affaiblissement des cultures orales traditionnelles, KPG regrette la diminution de la pratique et de la transmission des contes et des traditions entre les parents et leurs enfants11. Ancré dans le présent et l’actualité5, son travail se veut ainsi être une transmission et une résistance face à cette tendance. Il souhaite que les jeunes puissent développer leur propre identité et vision du monde, en s’appuyant sur leurs références traditionnelles, sources à ses yeux d’un développement plus serein de la société burkinabè.
Il est fondateur du Centre Culturel Koombi Solidarité, un centre socio-culturel dédié aux enfants1. L’objectif poursuivi au sein de la structure est de transmettre et perpétrer la culture traditionnelle liée à la musique, à la danse, au théâtre et au conte12. Kientega Pingdéwindé Gérard insiste dans son enseignement sur la notion de partage. Les jeunes artistes du centre réalisent ainsi des tournées à l’étranger et des troupes étrangères sont également invitées13.